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Voyage responsable: l’exploitation animale, entre traditions et attractions

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Alors que nous faisions du volontariat dans une auberge au Kirghizistan, nous avons été frappés par l’intérêt et l’enthousiasme d’une majorité de voyageurs pour des attractions impliquant des animaux, comme des treks à cheval sur plusieurs jours avec des chevaux fatigués ou des sessions de photo souvenir avec un aigle au bras… Des choix qui nous ont souvent exaspérés, mais également beaucoup questionnés.


Entre traditions et attractions

Difficile de donner des leçons sur la condition animale lorsqu’il s’agit d’une tradition pratiquée depuis des siècles par les populations autochtones: au Kirghizistan par exemple, la chasse à l’aigle est une tradition qui serait apparue entre le premier et le deuxième millénaire avant notre ère. Cette tradition se transmet de père en fils, selon des règles très strictes. Interdire la capture des aiglons pour en faire des excellent alliés aux chasseurs kirghizes ferait inévitablement disparaître cette tradition…

Dans ce contexte, on peut comprendre l’engouement des voyageurs pour une tradition millénaire toujours pratiquée dans un pays exotique. Cependant, il est évident qu’avec l’essor du tourisme, certaines personnes travaillant au contact d’animaux y ont vu une manière de se faire de l’argent facile – en négligeant totalement le bien-être de l’animal, qui ne sera perçu que comme un « gagne-pain ». À la fin, chaque voyageur peut légitimement se poser la question si l’exploitation de l’animal relève du domaine de la tradition, ou celui de l’attraction (touristique): est-ce bien « traditionnel » de te faire payer pour que tu puisses enfiler un gant de fauconnier, et poser tranquillement avec un aigle sur le bras? On en doute…

Soyons clairs: toutes les traditions (ou presque) impliquant des animaux sont maltraitantes pour eux. D’ailleurs, pas besoin d’aller bien loin pour trouver des traditions impliquant des animaux: la corrida en Espagne et Sud de la France, la chasse à courre en Europe, les ours dansants dans les Balkans (ours enchaînés et conditionnés à danser au son d’un instrument), les cirques etc.

Conseils aux voyageurs

Avant d’entreprendre ce (long) périple et d’évoluer vers des comportements plus responsables en voyage, nous avons aussi commis des erreurs. Concernant les animaux, il nous est arrivé une fois de payer une agence pour faire un tour dans le désert à dos de dromadaire, lors d’un séjour en Inde en 2015… Alors certes, les animaux n’avaient pas l’air maltraités à première vue; mais comment pouvions-nous en être vraiment sûrs? Si c’était à refaire, peut-être que le résultat aurait été le même… En revanche, notre démarche aurait été bien différente.

Boycotter

Solution radicale, mais souvent la plus simple: boycotter toute activité/attraction avec un animal permet de ne pas faire perdurer l’exploitation de celui-ci. Personne n’a envie d’être responsable de l’état d’épuisement extrême qui peut entraîner la mort d’un animal (comme cela a pu être le cas avec une éléphante transportant des touristes aux temples d’Angkor en 2016, ou avec des chevaux tirant des calèches à Carthagène en Colombie). Les photos souvenirs avec un animal (de préférence sauvage et majestueux tels que les aigles, tigres, lions, éléphants, ours etc) font également partie des activités à boycotter: pour être dociles et approchables par l’homme, ces animaux sauvages ont forcément été maltraités!

Pas d’attraction dans la précipitation

Lorsque l’Office de tourisme local te recommande chaudement une activité populaire avec des animaux: n’accepte jamais dans l’immédiat. Prend éventuellement les contacts mais surtout, laisse-toi le temps de réflexion nécessaire pour te renseigner: ton choix doit rester libre, et fait en toute conscience!

L’animal d’abord

Lorsque tu as connaissance d’une activité ou d’une attraction mettant en scène un animal en particulier, renseigne-toi bien sur l’animal en question et non sur l’activité/l’attraction qui l’exploite; car on peut facilement te faire croire que l’attraction n’est pas néfaste pour l’animal exploité. D’ailleurs, concernant la chasse à l’aigle au Kirghizistan, on ne compte plus le nombre de posts Instagram ou d’articles de blog vantant le savoir-faire ancestral des maîtres fauconniers sans s’attarder sur le point de vue de l’animal – de sa capture, jusqu’aux conditions d’entraînement intensives pour rendre l’animal très docile… Pose-toi ces questions: quelle est l’espérance de vie de cet animal à l’état sauvage, et celle en captivité? Est-ce un animal solitaire, ou a-t-il besoin de vivre en groupe avec des congénères pour survivre? Pour pouvoir être approché ou touché par l’homme, a-t-on eu besoin de le maltraiter, l’enchaîner, l’affamer, le droguer ou de détruire son habitat naturel?

Vérifie, alerte

Avant de monter ou de faire porter/tirer des charges à un animal dressé (cheval, dromadaire, âne, chien de traîneaux), vérifie son état général: est-il affamé, fatigué? Si son état t’inquiète, ne pars pas avec cet animal et parles-en auprès de l’agence/du guide. Demande à quelle fréquence les animaux sont montés, si ils font des pauses régulières, comment ils sont entretenus: alimentation adaptée, soins réguliers (brossage, ferrage), etc. N’oublie pas que l’image de ces agences est en jeu: un animal maltraité, c’est pour eux une très mauvaise publicité.

Petite liste des attractions courantes impliquant des animaux dans les pays visités

On finit cet article par une liste des attractions/activités courantes avec des animaux dans les pays que nous avons visités. Cette liste n’est pas du tout exhaustive: nous y avons mis les principales attractions/activités que nous avons remarqué au cours de notre voyage, mais nous sommes conscients qu’il en existe (malheureusement) bien d’autres!…

  • Ours dansants (Bulgarie)
  • Treks à cheval (Asie centrale)
  • Promenades à dos d’éléphants (Asie du Sud-Est, Inde)
  • Promenades à dos d’âne (Grèce)
  • Promenades en dromadaire (Inde, Turquie, Turkménistan, Kazakhstan, Iran)
  • Promenades en calèche (Europe)
  • Photos souvenirs avec des aigles (Asie Centrale)
  • Photos souvenirs et exploitation d’animaux exotiques (Chine, Asie du Sud-Est)
  • Visite d’une plage de nidification pour les tortues de mer avec risques non contrôlés de piétinement des nids et manipulation des tortues par les touristes (Turquie, Malaisie)

Liens utiles:

* Article rédigé d’après notre expérience personnelle *

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