Quelque part en mer entre Hong Kong et les Philippines, nous avons fêté à bord d’un voilier le début d’une nouvelle année… mais aussi un anniversaire un peu spécial, celui des trois ans passés sur les routes. Pour marquer cet évènement, nous nous sommes replongés avec une douce nostalgie dans nos notes et nos souvenirs, nos projets et nos rêves d’avenir. Car si l’amour dure trois ans, l’amour du voyage; lui, dure bien plus longtemps!…
Avant de commencer…
À la fin de notre dernier bilan (2 ans), nous nous étions fixé un objectif de taille: celui de trouver un voilier-stop en Asie du Sud-Est pour continuer notre aventure… Avec trois expériences de voilier-stop en 2019, nous pouvons le dire fièrement: objectif atteint!
Notre bilan stop
Pour la première fois depuis trois ans d’aventures, nous sommes vraiment fiers de compter 3 voiliers parmi les 1172 véhicules totaux qui nous ont pris en stop depuis trois ans. Une étape très importante pour nous, puisque pour continuer notre voyage sans avion il nous fallait traverser les mers… Et donc trouver des capitaines acceptant de nous prendre gratuitement à bord, et de nous apprendre les bases de la navigation! Voici à quoi ressemble notre bilan « stop », au bout de trois ans passés sur les routes:
- 26 pays
- 59894 km
- 3100 mille marins (soit l’équivalent de 5740 km supplémentaires!)
- et de nouveaux autostops insolites: moto-stop au Vietnam, pick-up au Laos, tuk-tuk au Cambodge…
En considérant uniquement cette troisième année de voyage, nous avons parcouru 13906 kilomètres de plus par rapport au total de ces 2 précédentes années, dont l’équivalent de 5740 kilomètres en mer. Pourquoi si peu, nous diras-tu? Eh bien nous avons passé 6 mois de l’année à Hong Kong – une pause longue autant inattendue que nécessaire!…
Notre bilan rencontres
Cette année nous a encore permis de faire de très belles rencontres: de nouveaux hôtes (240 foyers nous ont hébergés au total depuis le début de notre aventure), de nouveaux amis, de nouveaux partenaires de voyage comme Amy, l’autostoppeuse chinoise rencontrée au Vietnam et qui nous a accompagné jusqu’au Cambodge; ou Nadyia notre co-équipière russe qui a partagé notre quotidien à bord d’un voilier pendant un mois en Malaisie… Elle aura également permis à Julien de retrouver, au bout de trois ans, son petit frère Clément en Thaïlande (Clément a aussi voyagé en stop, de France jusqu’en Australie). Bien que nous comptons le nombre de familles nous ayant offert l’hospitalité, ce bilan ne saurait refléter tous les petits bonheurs vécus derrière chacune de ces rencontres; des moments personnels, inqualifiables et puissants qui n’auront jamais de retranscription assez juste dans nos bilans.
Seulement 36 hôtes en plus par rapport à nos deux premières années: il faut dire que nous avons beaucoup campé en Asie du Sud-Est… et que nous sommes restés plus longtemps chez nos hôtes, comme à Hong Kong!
Notre bilan financier
En trois ans de voyage, nous avons dépensé un total de 6420€ à deux – soit 1070€/an/personne ou, pour être plus précis, environ 3,05€/jour/personne. Et ce, en se faisant toujours plaisir – que ce soit en se payant de bonnes bières locales, ou en visitant des sites chers mais exceptionnels comme les temples d’Angkor.
Mais la grande nouveauté, au bout de trois ans passés sur les routes, c’est que nous avons commencé à gagner un peu d’argent! À Hong Kong où nous sommes restés six mois, des opportunités se sont offertes à nous…
Cela s’est produit fin juillet 2019; à un moment où la saison des typhons a commencé et que nous avons réalisé que nous allions être bloqués à Hong Kong pour un moment (la fin de saison pour les typhons a lieu aux environs de Novembre, quand l’air se rafraîchit). Nous avons donc laissé de côté nos recherches de bateaux pour se concentrer sur une recherche active de missions de volontariat (aide contre hébergement et repas). C’est ainsi que nous avons reçu plusieurs propositions pour restaurer des bateaux: nettoyer et huiler des vieux planchers en teck; poncer, vernir ou repeindre du bois, remplacer des joints plus très étanches… Notre travail a été apprécié, le bouche-à-oreille a fonctionné: nous avons accumulé plusieurs missions, en troquant souvent nos heures de travail contre des services (repas, téléphone d’occasion pour Julien, hébergement) ou un peu d’argent de poche, quand il n’y avait rien à troquer. Grâce à cela, non seulement nous avons pu rembourser l’intégralité de notre séjour de 6 mois à Hong Kong mais nous avons également élargi nos compétences, notre réseau… sans s’être ennuyés une seconde!
En parallèle, Julien est devenu tuteur de français sur la plateforme italki (une plateforme qui permet de mettre en relation des élèves désireux d’apprendre une langue avec des professeurs ou natifs de la langue). Et comme si cela ne suffisait pas, il s’est également fait contacter par un entrepreneur français… qui lui a proposé de devenir son assistant web!
Au bout de trois ans de voyage à vivre exclusivement sur nos économies, ce petit changement a été le bienvenu! Nos nouveaux revenus vont nous permettre de couvrir des frais importants comme l’assurance voyage, les frais d’hébergement de notre blog, les imprévus… Cela ne changera pas notre façon de voyager: nous allons continuer à faire de l’autostop, à rechercher l’échange et l’hospitalité. En revanche, cela nous permettra d’être plus généreux avec nos hôtes!
Notre bilan personnel
Pour ce bilan personnel, nous avons souhaité mettre l’accent sur notre évolution, sur ces petites choses qui nous ont impactés… Car cette nouvelle année nous a vu grandir, pour le meilleur et surtout… pour nous assurer un bel avenir!
Engagements écologiques renforcés
- Nous avons beaucoup hésité à visiter la mythique baie d’Halong au Vietnam; mais devant les faits catastrophiques d’un point de vue écologique (surtourisme entraînant une dégradation massive de l’écosystème) et l’inaction des autorités, nous avons décidé de boycotter ce lieu. À la place, nous avons préféré visiter les montagnes autour de Tam Coc, un site surnommé la baie d’Halong terrestre et pas (encore?!) sur-exploité par le tourisme.
- Certains de mes vêtements étaient (très) usés, malgré mes (nombreuses) tentatives pour les recoudre sur la route. Je n’avais plus d’autre solution que de les remplacer… J’ai donc cherché, interrogé autour de moi, et fini par trouver une friperie à Hong Kong (Green Ladies) pour m’habiller – un geste à la fois écologique et très économique! Bien qu’il soit moins médiatisé, le gaspillage textile serait comparable au gaspillage alimentaire – avec plusieurs de millions de tonnes de vêtements neufs détruits chaque année. Même à l’étranger, nous avons pu trouver une alternative à la fast fashion et continuer à agir en faveur de l’environnement!
- En Novembre, deux propositions se sont offertes à nous pour rallier les Philippines depuis Hong Kong en bateau: la première en bateau motorisé (il s’agissait d’une livraison d’un yacht pour un riche client des Philippines), la deuxième à bord d’un voilier (acquit par un particulier). Nous n’avons pas hésité une seconde: nous avons préféré nous laisser porter par la force du vent, plutôt qu’un moteur.
Argent et éthique
Comme évoqué précédemment, Julien est devenu digital nomad. Désormais assurés de petits revenus réguliers, nous allons pouvoir couvrir des dépenses importantes et nous montrer plus généreux. Cela nous permet aussi de continuer à résister aux sirènes de l’argent facile d’entreprises de l’industrie du tourisme qui ne partagent pas du tout nos valeurs, ou qui souhaitent utiliser notre blog à des fins publicitaires. Nous l’expliquons d’ailleurs dans notre charte éthique: hors de question de vendre « votre temps de cerveau disponible », de nous faire sponsoriser en bafouant les valeurs que l’on prône, d’autoriser la moindre bannière publicitaire ou même d’utiliser des liens affiliés type « Amazon » sur notre blog et nos réseaux. Nous tenons à notre liberté, à nos engagements, et à rester transparents et cohérents dans notre démarche!
Nouvelles compétences
- Cette année nous a permis d’apprendre les bases de la navigation et du fonctionnement de la vie à bord d’un voilier auprès de capitaines expérimentés, couplé à une intense documentation sur le sujet (livres, blogs, forums sur la navigation). Cela nous a permis d’ouvrir de nouvelles portes: d’abord pour trouver plus facilement des capitaines prêts à nous prendre comme équipiers; ensuite pour trouver des missions de volontariat à Hong-Kong sur des bateaux!
- Toujours à Hong Kong, Julien a acheté d’occasion (via Facebook Market) un nouvel objectif pour son appareil photo. Seulement, la vendeuse ne souhaitait pas vendre séparément le boitier et l’objectif que Julien convoitait… Julien a fini par acheter le tout, en négociant le prix. Nous avons maintenant 2 appareils photo (des hybrides Sony), ce qui m’a permis de débuter en photographie de voyage, grâce aux conseils de Julien. Quelques unes de mes premières photos ont d’ailleurs servies à illustrer notre article Randonnée dans le passé sur Lamma Island!
Notre bilan carbone
Depuis notre premier bilan, nous prenons plaisir à calculer tous les ans notre bilan carbone et à partager, avec toi, ces résultats toujours encourageants!
Si on ne considère que le volet « transport » (les autres paramètres étant difficilement quantifiables), nous avons émis environ 554 kg CO2/personne en trois ans. Pourquoi si peu depuis notre dernier bilan, où nous avions estimé notre empreinte carbone à 453 kg/personne? Eh bien il y a deux raisons à cela: la première, c’est que nous sommes restés « sédentaires » à Hong-Kong pendant 6 mois… Et la deuxième, c’est parce que nous avons fait beaucoup de voilier-stop – un mode de transport qui consomme et pollue beaucoup moins que l’autostop, comme on te l’explique dans cet article!
Note: ce calcul ne comprend pas les 2 aller-retours en avion pour nos retours exceptionnels en France (raisons familiales). Ceci dit, nous n’avons pris aucun avion en 2019!
En savoir plus sur le calcul de son empreinte
carbone en stop
… Et la suite?
Grande question!… Si tu nous suis depuis le départ, tu te rappelles sans doute notre projet initial qui était d’atteindre l’Australie en stop depuis la France (simplement parce que ce pays se trouvait à l’opposé du globe pour nous, et que cette aventure représentait un défi de taille). Aujourd’hui, nous ne nous imposons plus aucune contrainte, de limite de temps ou de destination à atteindre. Nous serons heureux d’atteindre l’Australie mais nous préferons tracer notre route en fonction des opportunités qui se présentent à nous, et ce peu importe où elles nous mènent… Car comme nous l’avons appris, l’essentiel n’est pas la destination, mais bien le chemin pour y parvenir!
* Article rédigé d’après notre expérience personnelle *