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À la conquête des steppes – Roadtrip au Kazakhstan

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Bonjour, Hello, Ciao, Dober dan, Dobar dan, Mirëdita, Geai sou, Merhaba, Barev, Gamarjoba, Salam! Bienvenue dans notre série de newsletters qui retrace, chapitre par chapitre, notre grande aventure en autostop. Voici le chapitre 11 de notre aventure: À la conquête des steppes – Roadtrip au Kazakhstan.


Des débuts prometteurs

Après 5 jours en transit au Turkménistan (et 5h en transit à la frontière turkmène-kazakhe…), notre super routier russe Sergei nous dépose à Zhanaozen, la première « grosse » ville kazakhe sur la route. Il fait route vers la Russie, tandis que nous, nous souhaitons nous arrêter quelques temps dans l’ouest kazakh, et découvrir les bords de la Mer Caspienne. « Davisdaniya Sergei, spasibo! » La faim commençant à se faire ressentir, nous nous mettons en route, sacs sur le dos, en quête d’un DAB pour retirer un peu d’argent – et d’une petite épicerie pour acheter de quoi manger. En passant devant la mosquée principale et son jardin immense, l’idée de camper là nous traverse l’esprit: après tout, nous avions déjà posé notre tente près de mosquées en Iran, et ces endroits sont réputés pour avoir des toilettes et lavabos à disposition. Un coup de klaxon nous ramène à la réalité: une voiture s’est arrêtée à notre hauteur, et son conducteur nous interpelle d’un geste de la main très caractéristique, signifiant « mais qu’est-ce vous foutez? » On se rapproche, un peu confus… Comment dit-on « marcher à pieds » en russe déjà? Heureusement que Sergei nous avait appris quelques mots de russe juste avant. Notre conducteur a l’air de comprendre; cette fois, il nous fait signe de monter avec sa main. En fait, il vient de nous inviter à manger et dormir chez lui, dans sa grande maison, en présence de sa femme et de ses 6 enfants! À l’heure où le soleil se couche, le jeûne du Ramadan vient de prendre fin: la table est montée, le plateau de Beshbarmak (un plat traditionnel qui se mange avec ses « 5 doigts ») et les tasses de thé au lait apportés. L’hospitalité est entière, mais limitée: nos hôtes nous réveilleront à 7h le lendemain, et nous inviteront à partir après un copieux petit-déjeuner. On reprend la route en direction d’Aktau, plutôt confiants, même si la plupart des conducteurs qui s’arrêtent nous demandent de l’argent: « niet taxi, niet dengi » (pas de taxi, pas d’argent!). Finalement, on arrive à stopper notre voiture pour Aktau!
À Aktau, nous passerons 4 jours/3 nuits chez Murat, sa femme Dina et son beau-frère; puis 2 nuits chez Kimbat et son chat Sonya. On s’entend super bien avec ces premiers hôtes kazakhs; des gens éduqués, ouverts, modernes – sans doute l’effet Aktau, une ville assez riche et développée avec son immense port sur la mer Caspienne et ses puits de pétrole à proximité. On ne fera rien, littéralement: nous avons besoin de repos, mais surtout de temps pour soigner nos crampes d’estomac (un euphémisme pour ne pas dire « diarrhée »!), qui ne nous quittent plus depuis notre migration avec les Bakhtiaris, les derniers nomades d’Iran.

L’art de se faire planter

Lorsque les crampes nous laissent finalement en paix, nous prenons la décision de partir. Bob, un membre du réseau Couchsurfing, n’a pas hésité à nous contacter pour nous offrir l’hospitalité à Shetpe, une ville sans grand intérêt mais placée sur la route menant à Atyraou. Déjà, nous l’avions trouvé étrange lors de nos conversations whatsapp: il avait essayé de nous vendre des tours organisés; puis, devant notre refus, était devenu moins prolifique – mais toujours d’accord pour nous héberger. Aujourd’hui, on regrette amèrement de ne pas avoir fait confiance à notre instinct qui nous disait de ne pas y aller! À peine arrivés après une journée longue d’autostop, Bob nous a emmenés directement dans une salle où attendaient une dizaine de jeunes kazakhs: il nous a planté là, fatigués, peinant avec nos gros sacs, nous obligeant à donner un cours particulier d’anglais pendant 2h à ses élèves… Cours pour lequel il sera bien entendu rémunéré à notre détriment. On lui fera part de notre dépourvu après le cours: Bob s’excuse alors, nous promet de nous emmener cette fois chez lui – après un passage à l’épicerie locale. Mais là encore, au moment de payer les courses (incluant plusieurs kilo de viande que nous ne mangerons pas, en tant que végétariens), Bob nous plante… nous obligeant à tout payer. La colère monte, mais pas question de partir d’ici sans profiter d’un repas avec les ingrédients payés! Chez lui, la situation empire: sa famille ne nous adresse pas un mot, et la maison est remplie d’enfants venus pratiquer l’anglais (encore!) avec nous. Le dîner se passera dans le silence absolu, et on sera finalement autorisés à se reposer vers minuit – pour mieux être réveillés à 8h, avec seulement deux simples tasses de thé. On part, en laissant à Bob un avis aussi négatif que l’accueil reçu. L’ironie du sort: Taylor, notre hôte américain de Gudauri (Géorgie), parti voyager à vélo sur les routes d’Asie Centrale, vivra le même calvaire chez Bob deux semaines après nous…

Heureusement, tout n’est pas noir: après 500km parcourus en autostop, notre dernier chauffeur nous invite à dîner et dormir chez lui à Kulsary. On se retrouve de nouveau dans une maison remplie d’enfants; mais cette fois l’accueil est différent: on s’occupe de nous, on nous sert à manger, on nous met à disposition une grande pièce pour dormir et on nous ouvre même le Banya local, un bain public russe similaire au sauna. Détendus, reposés, nous reprenons la route direction Atyraou avec un poulet rôti entier dans le sac, cadeau de nos hôtes. Notre dernier chauffeur, qui nous dépose au bord de la route menant à Oural, nous promet que son ami, qui prévoit de faire le trajet de nuit, pourra nous prendre avec lui… En vain. Il nous plante, lui aussi! À force d’errer sur le bas-côté de la route, 2 chauffeurs routiers turcs finissent par nous interpeller: « Hey! Merhaba! ». Combien de temps s’est écoulé depuis notre passage en Turquie? 5, 6 mois? Les mots turcs nous reviennent, pour le plus grand plaisir de nos interlocuteurs. Ils nous offrent des pâtes, du thé, un peu de réconfort – l’hospitalité turque, comme on la connaît! L’un d’eux propose même de nous emmener, à condition de se lever à 5h du matin. Deal! On campe derrière la station-service, et on se réveille à 4h30 pour être sûrs d’être à l’heure. Et puis on a attendu, attendu longtemps, dans le froid… Nous auraient-ils plantés, comme les autres?

La traversée des steppes

Le premier chauffeur s’est finalement réveillé à 6h30, et nous a fait signe de monter après avoir allumé le moteur, éteint sa cigarette. On s’est réchauffés à l’intérieur, et à tour de rôle on a fini notre nuit, allongé sur la couchette arrière. Lancé à travers les steppes kazakhes, notre camion rouge parcourra près de 900 km le premier jour: un nouveau record dans nos statistiques d’autostop! Cette première journée aura même fini par créer un drôle de lien d’amitié avec notre chauffeur turc: lors d’un appel vidéo, il nous présentera tous les deux à sa femme, et en fin de journée il nous proposera même de dormir dans sa cabine chauffée, assis chacun sur un siège. On déclinera poliment, préférant le confort de notre tente dépliée au pied du camion, quelque part cachés au fin fond d’un parking réservé aux routiers.

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Les jours passent et se ressemblent: on se ré-installe dans le camion, on se réchauffe, on se repose sur la couchette arrière et on continue d’avancer dans ce paysage aride, plat et sans fin. Nous arriverons à Aral en milieu d’après-midi: nos chemins se sépareront ici, lui souhaitant avancer rapidement vers Almaty, nous souhaitant visiter les restes d’une mer quasi-disparue. On croit percevoir une pointe de déception chez notre ami, qui aurait préféré ne pas faire le trajet jusqu’à Almaty tout seul…

Nous ne savions rien d’Aral avant d’arriver, si ce n’est que ce village se trouvait tout proche de la mer d’Aral – une mer qui a quasiment disparue, à cause de l’industrialisation intensive et du réchauffement climatique. Sur notre carte hors-ligne, un cimetière de bateaux est indiqué, au bout d’une piste à 60 kilomètres d’Aral. Malgré l’heure avancée, on tente notre chance en autostop: 3h d’attente et… personne (excepté quelques chameaux). La nuit finit par tomber, on se résigne à camper dans les environs. Mais où? « Je crois que nous sommes passés devant un parc, tu veux que l’on essaie de voir là-bas? » « Allons-y! » En arrivant au fameux parc, un groupe d’enfants nous repère… Trop tard pour faire demi-tour! Ils accourent dans notre direction et nous encerclent rapidement: ils ne nous laisseront pas un seul moment de répit, nous filmant en permanence avec leurs téléphones, scrutant nos moindres gestes pour mieux les reproduire. Tout le monde semble s’amuser de la situation… sauf nous. Malgré notre agacement évident, on déplie notre tente dans un coin du parc, trop fatigués pour trouver un endroit plus approprié. Nous n’aurons pas le temps de nous installer complètement: deux policiers arrivent, et nous font comprendre que l’endroit n’est pas assez sécurisé pour y passer la nuit. Avec leur voiture de fonction, ils nous emmènent sur un chantier surveillé où nous feront la connaissance de 3 ouvriers de garde: apparemment, les vols de matériaux de construction ne sont pas si rares sur les chantiers… Et hop! On ajoute un nouveau mot russe à notre vocabulaire: « Hooligan » (voleur). Les policiers proposent que nous plantons la tente près du QG de chantier; les ouvriers proposent, eux, que nous dormons sur un des lits de leur modeste dortoir… Le choix est vite fait. On s’endormira très vite après avoir avalé une soupe de tomates, près du vieux poste de télévision qui diffusait le film « Taxi » – doublé en russe, évidemment… Nos compagnons nous réveillent à 8h. Dehors, les engins de chantier sont déjà à l’œuvre; nous devons partir. On les remercie, et on se replace en début de piste, au même endroit que la veille. Échec cuisant pour notre cimetière à bateaux: on arrive seulement à avancer de 12 kilomètres sur les 60 en… 4 heures. Nous serons moins persévérants que notre dernier compagnon d’autostop – un aventurier russe qui souhaitait revoir la mer d’Aral 30 ans après, déposé comme nous au premier hameau et décidé à couvrir la distance restante à pieds. On traverse le hameau, une voie ferrée, puis l’immense steppe kazakhe avant de retrouver la route principale pour continuer notre chemin. D’après Manon, notre future hôte d’Almaty, nous n’avons pas raté grand-chose: la majorité des bateaux, côté kazakh, semble avoir été démantelée puis revendue pièce par pièce.

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Et on attend…

Mode touristes: activé

Notre longue marche sous un soleil de plomb valait bien le coup: après avoir un peu attendu sur le bord de la route, une grosse BMW climatisée s’arrête. Le conducteur, un jeune russe, nous déposera à l’entrée de Kyzylorda après un petit passage devant la base aérospatiale de Baïkonour – une base 100% russe, située en territoire kazakh (bizarreries de l’ex-URSS, bonjour!). On venait de marcher depuis à peine 5 minutes qu’une famille nous apostrophe: « Photo, photo »! On les laisse poser avec nous, mettre les photos sur Instagram avant de leur demander une faveur, à notre tour: « Palatka… Gde? » Malgré notre petit niveau de russe, ils comprennent que nous souhaitons planter notre tente quelque part. Ils nous feront comprendre, en retour, que nous ne dormirons pas dehors mais chez eux. C’est ainsi que nous resterons chez Azamat et sa femme dans un appartement presque vide: le couple vient de déménager, mais Azamat tient à faire lui-même quelques travaux de rénovation pour réaliser une plus-value immobilière. On prendra enfin le temps de visiter, en commençant par le centre-ville de Kyzylorda: un centre-ville agréable, mais pas extraordinaire (malgré les couches de peinture, on reconnaît bien les immeubles de béton de l’ère soviétique). Nous prendrons ensuite la direction de Turkistan, en s’arrêtant en chemin à Sauran – un site archéologique datant du Moyen-Âge, qui se révèle être une simple enceinte de murs en adobe.  Ce jour-là, la chaleur écrasante nous fera nous arrêter à l’ombre d’un pont ferroviaire. J’en profiterai pour couper les cheveux de Julien, en attendant le moment propice (enfin, plus frais) pour reprendre l’autostop.

Déposés à l’entrée de Turkistan, nous serons obligés de marcher 30 minutes pour atteindre le centre-ville historique. Nous n’avions pas fait 2 pas que des enfants, sortis de nul part, accourent dans notre direction en nous hurlant dessus en russe. Ils ne sont pas méchants, à vrai dire on comprend bien qu’ils cherchent désespérément à attirer notre attention… Le problème, c’est que même après avoir répondu poliment à leur salut, ces gamins excités nous suivront de (très) près sur une bonne partie du trajet…. Bordel, que font les parents? Heureusement, lorsque nous arrivons aux pieds du gigantesque mausolée, les petits monstres ont tous disparus. Cette fois-ci, c’est une famille kazakhe respectable qui vient à notre rencontre: ils souhaitent savoir d’où on vient, ce que l’on pense du pays, si nous sommes d’accord pour faire des photos ensemble… En guise de remerciement, le père de famille nous tend 2 tickets d’entrée pour le mausolée. Il ne se doutait pas que le tarif « touriste étranger » était 3 fois supérieur au tarif kazakh, mais avec un peu d’insistance auprès de la guichetière nous arrivons à échanger nos 2 tickets « kazakhs » contre des tickets « touristes », en ne payant que la différence de prix.

La journée se terminera en beauté avec un copieux pique-nique dans les jardins du mausolée et un magnifique coucher de soleil. Nous n’avions pas fini de nous extasier qu’un orage a menacé de frapper: nous avons préféré jouer la sécurité, en posant notre tente près des ruines abritées de l’ancienne cité pour pouvoir se replier en cas de fortes pluies. Peine inutile: la nuit sera parfaitement calme, et nous serons même réveillés par un soleil radieux et des dizaines de sousliks curieux.

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Turkestan
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Aisha Bibi

Repos – rando – repos

Après notre folle épopée dans les steppes kazakhes, il était temps pour nous de ralentir l’allure et de nous reposer. C’est ce que nous avons fait à Chymkent, où Javid notre hôte expatrié azéri nous a accueilli pour 2 nuits. Ça tombe bien parce que, très honnêtement, il n’y avait pas grand-chose à faire ou à voir dans la métropole de Chymkent… C’est donc sans regrets que nous sommes repartis vers Taraz – une ville plus ancienne, plus historique. Ce jour-là, malgré le beau temps et un trafic dense, personne ne semble s’arrêter pour nous: on réalise des sauts de puce (série de trajets d’autostop courts), on attend, on fait les clowns pour attirer désespérément l’attention des conducteurs. Nos efforts finissent par payer; un conducteur kazakh s’arrête. « Pas kazakh, kazakhstanais! » Au Kazakhstan, ethnie et nationalité ne se mélangent pas! C’est ainsi que cohabitent pacifiquement les kazakhs du Kazakhstan et les autres: russes kazahstanais, tatars kazakhstanais, ouzbeks kazakhstanais… Après cette petite leçon instructive sur la citoyenneté au Kazakhstan, notre conducteur kazakhstanais nous dépose chez Azamat, un jeune hôte vivant à Taraz et travaillant pour National Geographic.

À Taraz on se repose, on visite des mausolées comme celui d’Asha Bibi, on fait la fête avec les amis d’Azamat et on oublie le temps qui passe. Les « au revoir » avec Azamat seront difficiles: en dehors de notre passion commune pour la photographie et le voyage alternatif, il aura eu à cœur de nous faire découvrir sa ville, les plats traditionnels, et de nous partager son amitié et sa bonne humeur! En repartant de Taraz, nous arrêtons encore un conducteur kazakh d’origine russe – pardon, un russe kazakhstanais! – parlant bien anglais, chose rare dans les pays de l’ex-URSS. Il nous invitera à déjeuner, et nous déposera pile au pied de notre nouveau QG à Almaty: l’appartement de Manon, une française expatriée et juriste de l’eau pour la Banque Mondiale! Est-ce qu’on vous a déjà dit comment on avait connu Manon? Non?! Alors accrochez-vous bien: l’unique frère de Julien, Clément, est lui aussi parti à l’aventure autour du Monde en stop (et là, vous vous demandez si leurs parents n’ont pas fait de syncope en laissant partir leurs deux fils – mais on vous rassure tout de suite, ils vont très bien!). Et c’est au cours de sa traversée kazakhe que Clément a eu l’occasion de rencontrer Manon, qui l’a hébergé à Almaty! En apprenant que nous arrivions au Kazakhstan, Manon n’a pas hésité une seconde: 1 an après avoir hébergé le petit frère, elle a donc fait la connaissance de son aîné… dont elle a trouvé un certain « air de famille » avec Clément! Voilà pour la petite anecdote, pour le reste il n’y a pas grand-chose à raconter à propos de notre séjour à Almaty – sauf la fois où Julien a compris « I’m Mamat » au lieu de « One moment » et a répondu le plus naturellement possible, « Nice to meet you, I’m Julien ». Pendant une semaine, nous nous sommes (beaucoup) reposés, nous avons visité (un peu) le centre-ville de cette métropole verte et moderne et randonné (pas mal) dans les montagnes environnantes – Kok Zhalau, pic Furmanov. Repos, rando, repos. 

La recette du bonheur

Partir d’Almaty n’a pas été simple. Il a fallu dire « au revoir » à Manon et son appartement douillet, reprendre nos gros sacs à dos, marcher longtemps pour sortir de la ville. On finit tout de même par arrêter une voiture, une petite citadine conduite par un vendeur de… savons. Il nous en offrira une boîte pleine, remplie d’une bonne douzaine de ces briques aussi colorées que parfumées. Après des remerciements gênés mais sincères, on repartira avec de quoi gâter les prochains conducteurs qui voudront bien nous avancer – tels des Pères Noëls des temps modernes, en short et lunettes de soleil. Et comme un bon vieux bonhomme sénile, je finis par oublier au cours de la journée mon sweat adoré dans un camion…

C’est donc sur un air mi-contrarié, mi-émerveillé que notre journée s’est achevée dans le canyon de Charyn, grâce à un jeune couple qui n’a pas hésité à nous prendre dans leur Renault Duster de location. Petite consolation: un guide local offrira son bonnet de laine à Julien, afin de « ne pas prendre froid » et de « garder un souvenir » de lui. Le lendemain, la malchance nous poursuivra avec une grosse averse sur la route en direction du lac Kaindy, seuls sur les routes défoncées de cette partie oubliée du Kazakhstan. Et pour noircir un peu plus ce tableau bien maussade, le trafic quasi-nul nous laisse désormais peu d’espoir d’arriver à destination. On prie fort, très très fort, notre bonne étoile de l’autostop… Et là, comme une réponse à nos prières, le soleil finit par faire son apparition en même temps qu’un drôle de véhicule de l’ère soviétique. Hourra! Julien se précipite à grandes enjambées pour exposer notre situation, et finit par convaincre tous les membres d’une famille kazakhe, en vacances dans la région, de nous laisser monter à bord gratuitement. Cette fois on la tient, la recette du bonheur: un soupçon de chance, une bonne dose d’aventure et un mélange de rencontres fantastiques – servis sur un plateau de paysages à couper le souffle!

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Arrivés au lac, nous ne tardons pas à trouver l’emplacement idéal pour notre tente. Nous ne sommes pas les seuls: une tente est déjà dressée; et son occupant, Peter, un voyageur solo américain, nous invite déjà à dîner tous ensemble autour d’un feu de camp. Cela va vous paraître cliché, mais pendant que les hommes s’affairaient à faire le feu, je suis partie me balader en forêt pour y dénicher quelques fraises des bois: le parfait dessert pour un dîner « feu de camp » déjà parfait!

La nuit étoilée et calme au lac Kaindy fit place à une journée radieuse. On lèvera le camp le plus tard possible, après un dernier tour à pieds autour du lac. Grâce à l’aide d’un couple de polonais en vacances (et déjà croisé au canyon de Charyn), nous redescendrons dans la vallée gratuitement à bord de leur taxi partagé, et continuerons notre route en direction du Kirghizistan. Nous tenterons même, avant de passer la frontière, d’arrêter une voiture pour visiter le Yellow canyon – une partie du canyon de Charyn accessible via une autre piste… En vain. C’est finalement Turgan, au volant de sa camionnette blanche qui nous sortira de là. Pas question de nous laisser dehors! « Moi dom, skushet i spat » (ma maison, manger et dormir). On accepte avec plaisir cette invitation inattendue. Raxmet Turgan!

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* Article rédigé d’après notre expérience personnelle *

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